Nos amis les Obama / bien que Afro-Américain, Barack Obama est un homme  imprégné de culture Asiatique, ayant été élevé à Hawaï et en Indonésie. Il incarne le basculement du “centre du monde” de l’océan Atlantique vers le Pacifique. De la côte Est des USA vers sa côte Ouest. Il impose son discours et sa “cool attitude”  héritée des surfeurs auprès desquels il a grandi et de la philosophie quantique dont il est imprégné. A leurs côtés, il a appris la maîtrise de son stress jusqu’à se reconnaître le droit à l’erreur : “ I screwed up”, “J’ai foiré”.

    Porté par les héritiers de la “contre-culture” des années 60, il ouvre la deuxième décennie à un nouveau discours, privilégie les nouveaux média 2.0 [interactifs] et ouvre définitivement la porte aux minorités “non-blanches” qu’il ne sera plus possible d’exclure des responsabilités, ni des campagnes de publicité. En mettant en scène sa famille, il donne le LA d’un nouvel ordre familial et amoureux. Toute aussi  cool et responsable,  la nouvelle icône du style de vie planétaire, Michelle Obama, s’habille avec un budget de 300 $, au grand regret de la presse US et des Créateurs Américains. À la Maison Blanche, elle cultive son jardin bio avec ses filles de 12 & 15 ans aujourd’hui et dîne en ville, avec son mari dans des restaurants à 30 $. Avec la famille Obama, nous renouons avec le mythe des gens vrais qui dirigent les vrais gens.

    L’Amérique reste la seule puissance à savoir inventer des mythes et à les associer à de nouveaux média. Après avoir inventé la radio puis le cinéma et la télévision, l’Amérique d’Obama est aujourd’hui, la virtuose des réseaux internet dont elle a la maitrise totale. Elle a également inventé les formats et le discours des messages qu’elle diffuse sur ce nouveau médium a qu’elle utilise pour faire sa loi. Sans stress ni  violence apparente, inexorable, la proue du navire  Américain change de cap de l’Atlantique vers le Pacifique.

    Barack Obama, étendard du monde en pleine mutation incarne le nouvel ordre tourné vers la communication, les nouvelles technologies et l’Asie. Avec le web, la nouvelle gouvernance est

plus  cool : transparente, vertueuse et omniprésente.

Elle ne néglige jamais l’humour, qui est la seule façon de traiter les choses sérieuses, surtout auprès d’un public de jeunes. Car l’avenir c’est eux.

    En 2009, le candidat Obama a intégré dans sa communication médias digitaux et médias interactifs 2.0 : Twitter (76 000 followers), Facebook (avec plus de 6 200 000 supporters, il a le groupe le plus important), et surtout ses sites web de campagne puis de gouvernance. Au vu du nombre relativement peu élevé de ses cyber-supporters  de l’époque, pour un pays de près de 300 millions d’habitants, Obama a surtout énormément communiqué à propos des nouveaux médias, et ce dans la presse papier ;-).Il utilise de nouveaux formats et de nouveaux outils de communication pour convaincre la planète entière.

   Ses messages vidéo destinés au net ont une durée moyenne de une minute trente. Il n’hésite pas à signer, à livre ouvert, des documents officiels sous l’œil des webcams. Son BlackBerry, qui est son glaive d’Empereur Romain,  symbole de son appartenance à la planète web a été symboliquement revisité par ses services de sécurité afin qu’il garde le contact avec le peuple

via internet et les réseaux sociaux.

Après avoir dit, en 2011 aux jeunes de se  méfier de Facebook,  il sollicite, à la veille des élections de 2012, le soutien de son nouvel ami Mark Zuckerberg qui accepte pour l’occasion de porter une cravate

;-)

    Presse, la révolution Internet : en 2009, nous avons basculé de la presse magazine à la presse web. La mise en avant du rôle d’Internet dans la communication de campagne électorale de Barak Obama  illustre la crise que traverse la presse papier. L’avenir de la presse est à la version net des magazines et aux média digitaux combinant éléments gratuits et éléments payants.

    Cette révolution technologique est à l’origine d’une autre révolution, celle de la liberté individuelle  qui a pris le pas sur la liberté de la presse. Terminée l’époque où un journaliste pouvait imposer de façon unilatérale son point de vue. Les bloggeurs ont inventé une nouvelle écriture qui laisse la place aux commentaires, et donc au point de vue de leurs lecteurs. La presse papier était la voix du peuple, le web ‘est’ le peuple.

    Après avoir été récupérés par les marques et les politiques, qui ont vite compris l’intérêt que représentent ces médias interactifs, les blogs sont maintenant intégrés par les Groupes de presse et bientôt encadrés par les législateurs. C’est à travers le web que les

politiques, les artistes et les marques vont maintenant s’adresser à lui directement, de façon rédactionnelle, vidéo et publicitaire.

    En permettant aux individus de se compter et de se défier des médias officiels, internet a rendu la révolution arabe possible. Aujourd’hui ce n’est plus l’Amérique que remercient les peuples libérés, mais Facebook ;-)

 

    Le web est un monde comme les autres, avec ses sites dédiés à l’échange d’idées et de marchandises, ses réseaux sociaux qui sont autant de bars, pays ou continents en fonction du nombre de leurs membres. Mais aussi ses voyous, ses pirates et ses guerres menées par des hackers indépendants ou gouvernementaux via des prises de contrôle et des attaques virales. La guerre et la mort sont également présentes sur la toile. Les militaires et les politiques ont trouvé sur le net un nouveau champ de bataille avec ses stratégies d’attaques et de défense, de veille et de prévention. Et aussi ses manœuvres psychologiques.

    Comme toutes les industries, l’armée communique sur le net. Elle utilise des armes qui correspondent à ce nouveau média.

    Avec les drones et ses éliminations ciblées, les militaires occidentaux ont inventé la “guerre équitable” qui tue les méchants sans créer trop de dommages collatéraux dans les populations civiles du camp adverse et sauvegarder la vie de ses propres soldats. Ces actions ciblées, retransmises à la télévision et sur le net, ne  provoquent pas de manifestations pacifistes de masse, qui auraient un mauvais impact sur la réélection d’un Président. Dans un monde politiquement correct où le commerce est équitable et la guerre propre, il faut aller dans le sens  du public qui a perdu confiance dans les actions militaires d’envergure suite aux guerres d’Irak et d’Afghanistan. Une opinion prompte à s’indigner quand les formes ne sont pas respectées.

    Dans son ouvrage ‘Tuer ou Capturer : la guerre contre la terreur et l'âme de la présidence Obama’, Daniel Klaidman raconte comment Barack Obama choisit lui même sur un trombinoscope que ses conseillers appellent les “cartes de baseball” les ennemis des Etats-Unis à éliminer. Les Américains adorent les drones qui leur rappellent les jeux électroniques de leur enfance et dont les exploits aseptisés sont retransmis sous forme de courtes vidéos en noir et blanc sur le net et à la télévision. Sans mettre en danger la vie de leurs boys.

Le film de l’opération commando qui a permis la capture et l’élimination de Ben Laden a été largement diffusé dans les media du monde entier, et bien entendu sur le net, pour rassurer

le peuple Américain sur la sanctuarisation retrouvée de son territoire et confirmer aux potentiels agresseurs gouvernementaux et non gouvernementaux que personne n’échappe à la puissante Amérique.

    En revanche, pas de vidéo de Barack Obama dans la situation room lorsqu’il assiste en direct à  la mort de Ben Laden, mais une photo du Président entouré de son Vice-Président Joe Biden, de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, de militaires de haut rang et de membres du staff présidentiel. Aucun témoignage de réjouissances pour ne pas insulter l’avenir des relations avec le monde  arabo-musulman, mais l’expression d’une froide détermination chez les hommes et un certain effroi chez Madame Clinton. Une mise en scène digne des peintures des champs de bataille au  XVIIIème  siècle, sans victime ni sang.

    Aseptisé également le virus Stuxnet développé en 2009 par les Etats-Unis et Israël qui visait à ralentir le programme nucléaire Iranien, pour permettre aux diplomates de gagner du temps sur les militaires.

    Le Président Obama, lauréat du Prix Nobel de la Paix, longtemps présenté comme un timoré par ses adversaires, montre ainsi aux Américains, à la veille de la campagne de 2012, que même en matière d’armement il est un adepte des technologies et qu’il n’hésite pas à utiliser personnellement la foudre. Qu’il les protège sans les envoyer au front.

    La communication virale peut  également être utilisée pour préparer le public à une intervention militaire destinée à protéger les sources d’approvisionnement Américaines en dehors de ses frontières.

    Ce fut probablement le cas en mars 2012 quand une vidéo baptisée “Kony  2012” a été visionnée sur le net  par 100 millions de spectateurs dans le monde en moins de quinze jours. Par quel miracle le buzz a-t-il fonctionné aussi vite ? D’un format anormalement long pour le net (30 minutes) cette vidéo a été mise en ligne par l’ONG Invisible Children, qui avait soutenu la première élection du Président Obama. Elle avait pour objectif de rendre visible et de contribuer à la capture de Joseph Kony, un tyran Ougandais qui a disparu des écrans radar depuis 2006. Jason Russel cofondateur de l’ONG, réalisateur et acteur avec son jeune fils, de la vidéo manichéenne à la gloire du story telling destinée à un public bien-pensant sera arrêté quelques semaines plus tard pour outrage aux mœurs dans les rue de San Diego. 

    On apprendra au même moment que l’Ouganda venait de recevoir 6 avions de chasse Russes destinés à protéger les champs de pétrole découvert en 2006 à sa frontière avec le Soudan Sud également riche en pétrole et qui vient d’accéder à l’indépendance.

    Probablement trop lisible, l’opération “Kony  2012”, qui préconisait l’envoi de soldats Américains désarmés pour

enseigner au peuple Ougandais les bienfaits de la guerre-propre liée aux nouvelles technologies et à la communication, a alors connu un gros bug et nous n’avons plus entendu parler de Monsieur Kony.

    Avant de relever une vieille dame qui vient de tomber dans la rue, le Baby la prend en photo pour la poster sur Facebook, accompagnée d’un long Loooool. 

    Plus extrêmes, les criminels, jeunes comme moins jeunes, ont eux aussi appris à se mettre en scène sur le net. Fan de Batman, James Holmes est entré dans le cinéma d'Aurora en criant "Je suis le Joker !", avant de tuer douze personnes et de faire cinquante huit blessés. Il s’est présenté à sa première audience au tribunal avec ses cheveux teints en couleur fluo, comme son héro et inspirateur.

     Il y a fort à parier que le meurtre mis en scène sous forme de jeu est le prochain “divertissement” qui fera le buzz sur le net puis à la télévision. Comme pour les jeux à l’époque de la Rome Antique on pourra liker pour mettre à mort le perdant :/

Chapitre suivant